بِسْمِ اللّٰهِ الرَّحْمٰنِ الرَّحِيْمِ

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.

Sourate Al-Fatiha – Verset 1

Les louanges les plus parfaites Lui reviennent. Il est l’Infiniment Connaisseur, Celui qui donne la lumière de la science à qui Il veut.

Il y a quelques mois, l’équipe Al-Adawiyya m’a suggéré d’écrire un article portant sur le dogme de l’école Hanbali, qui fait l’objet de beaucoup de confusions et d’incompréhensions à notre époque. C’est pleine d’espoir et désireuse d’en faire connaître les grandes lignes à mes soeurs bien aimées que j’ai accepté de relever le défi.

Je demande à Allah ﷻ de purifier mon intention et d’accepter mon oeuvre. Tout le bien Lui revient, gloire à Lui, et tout le mal est le fruit de mon âme ou du Diable.

PARTIE N°1 : L’Imam Ahmad Ibn Hanbal

Sa naissance & sa situation familiale

Il né en l’an 164 de l’hégire (780 de l’ère chrétienne) dans la ville de Bagdad. Contrairement à ce que l’on peut croire, Hanbal n’était pas le nom de son père, mais le nom de son grand-père. Son père, Muhammad, fils de Hanbal, décéda alors que le petit Ahmad n’avait que trois ans.

Son éducation

Tout jeune orphelin de père, il se retrouva très tôt seul avec sa mère, Safiya, qui prit en charge son éducation. Clairvoyante, elle l’envoya acquérir la science auprès de savants de Bagdad, alors capitale du savoir.

Il débuta, comme il était coutume, par la mémorisation du Qur’an puis il étudia la langue arabe, le Hadith et le Fiqh. L’Imam Ahmad avait une très grande capacité de mémorisation. On dit qu’il connaissait un million de hadith par coeur !

La formation de l’école jurisprudentielle Hanbali

Elève de l’Imam Ash-Shafi’i (fondateur de l’école du même nom) et érudit dans plusieurs domaines de la science, Ahmad Ibn Hanbal se vit très vite entouré d’un réseau d’étudiants fidèles absorbant avidement son savoir. Les mêmes qui se chargeront plus tard, après la mort de leur cher imam, de la mise en forme et de la transmission du Madhab. Le tout, respectant des ussul (fondements) bien précis et déduits de la méthodologie de l’Imam Ahmad. Ainsi, naquit l’école de fiqh Hanbali.

PARTIE N°2 : Qu’est-ce que la Athariya ?

« Athariya » vient du mot arabe « Athar » qui signifie « les traces ». Autrement dit, le suivi des « traces » qui sont le Coran et la Sunnah. En effet, les Atharis ou Hanbalis n’ont pas recours à la science du Kalâm (l’intellect) pour établir leur croyance. On les nomme aussi « traditionnalistes » car leur école dogmatique repose uniquement sur les textes de la Tradition. Et cela constitue un des points qui marque leur différences avec les deux autres écoles de croyance comme nous allons le voir dans la partie suivante inshaAllah.

L’école Hanbali a donc la particularité d’avoir sa propre croyance remontant à l’Imam fondateur. En effet, nous trouvons un bon nombre de paroles de l’Imam Ahmad à ce sujet. Et comme pour le fiqh, des ussul ont pu être déduits et établis en se basant sur ce patrimoine.

Il est important de noter que l’Imam Ahmad a pris position de manière frontale face aux Mu’talizi (école rationaliste donnant priorité à la raison sur la Révélation faisant rage à son époque) jusqu’à être physiquement torturé, ce qui ajoute au patrimoine dogmatique des Hanbalis.

PARTIE N°3 : Les divergences entre les Hanbalis et les Ash’aris

Dans les faits, leurs divergences sont quantitativement minimes, bien que extrapolées par les gens du commun de nos jours.

Comme nous l’avons dit plus haut, la principale différence réside dans l’utilisation de la science du Kalâm que les Ash’aris valident dans l’établissement de leur dogme. Cela, car les Hanbalis craignaient d’utiliser cet outil que les premiers musulmans n’avaient pas utilisé, dans une logique de suivi des « Athar ». Mais, certains Hanbalis l’ont tout de même utilisée.

La seconde divergence est l’utilisation du Ta’wil (l’interprétation) dans les Noms et Attributs d’Allah ﷻ. Les Hanbalis l’évitent et ont uniquement recours au Tafwidh (remettre à Allah ﷻ le sens et le comment des Nom et Attributs) en pratiquant l’ithbat qui ets l’affirmation littérale des textes du Coran et de la Sunnah. « Allah ﷻ ou Son Messager ﷺ ont dit cela, on l’accepte et l’affirme sans aller plus loin ». Il faut savoir que les Ash’aris et Maturidis, en plus du Ta’wil, utilisent également le Tafwidh mais il est différent de celui des Hanbalis. Il est intéressant de constater que les Hanbalis ont parfois fait le Ta’wil quand cela a été rapporté dans la Sunnah.

L’Imam As-Saffarini, éminent savant Hanbali a dit : « Les Ahl as-Sunnah sont de trois : les Atharis et leur imam est Ahmad Ibn Hanbal, les Ash’aris et leur imam est Abu Hassan Al Ash’ari, et les Maturidis dont l’imam est Abu Mansur Al Maturidi. »

As-Saffarini

PARTIE N°4 : La Salafiya contemporaine et les Hanbalis

Un groupe a récemment émergé sous le nom de « Salafis » et se réclamant très souvent de l’Imam Ahmad, tant dans la jurisprudence que dans le credo. Cependant, il existe des différences notables entre ces salafis et les Hanbalis de tous siècles avant eux. Parmis elles :

• Les Salafis pratiquent un suivi scrupuleux et presque exclusif de l’Imam Ibn Taymiyyah Al Hanbali (dont on parlera dans la prochaine partie inshaAllah), au détriment des autres savants de l’école.
• Ils ont recours à des savants contemporains et étudient leurs livres sans prendre en compte les générations précédentes, celles qui ont façonné et transmis l’école en cohérence avec ses Ussuls.
• Ils vont jusqu’à réfuter les ssavants Hanbalis, allant parfois jusqu’à les traiter d’innovateurs.
• Ils ont une allergie à la divergence menant, dans le pire des cas, au Takfir (excommunication).

PARTIE N°5 : Ibn Taymiyyah

Ibn Taymiyyah est un savant, érudit et Mujtahid du 8e siècle de l’hégire. Il grandit dans une famille dont les ascendants sont Hanbalis de père en fils.

Il est connu pour avoir eu ses propres positions, tant dans la jurisprudence que dans la croyance, sortant parfois de l’école Hanbali. En effet, son statut de Mujtahid (érudit ayant la capacité de déduire des textes) lui permettait d’extraire les jugements des textes.

Ibn Taymiyyah a toujours eu une place importante et reconnue dans le Madhab Hanbali, respecté des plus grands. Il est aujourd’hui pris, à tort, comme référence incontestable de l’école Hanbali voire de l’Islam. Au point, où une grande partie des gens ignorent les pionniers de l’école dont ils se réclament.

Ici se termine cette modeste clarification que j’espère fidèle et juste. Ainsi, à travers se voyage à travers le temps et les gens, nos chères lectrices auront pu façonner leur esprit sur la question.

Qu’Allah ﷻ vous préserve.

Fi Amani Llah.

Perles Hanbali

Bloggueuse et étudiante en sciences islamique